Science du pain,  Techniques

Mes 3 secrets pour un pétrissage optimal

Le bon pain frais fait maison est l’une des créations culinaires les plus gratifiantes, mais il peut aussi être l’un des plus difficiles à réussir, voire un cauchemar en cuisine (et vous le savez bien). 😮 L’une des étapes cruciales pour obtenir un pain parfait est le pétrissage de la pâte.

Un bon pétrissage est la clé pour développer la structure de la pâte, permettant ainsi au pain de lever correctement et de devenir moelleux à souhait. C’est d’ailleurs souvent cette étape sous-estimée qui pose problème et qui engendre la catastrophe.

C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui dans cet article de vous faire découvrir en détail mes trois secrets pour un pétrissage optimal de la pâte à pain. 😊

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1. Choisir la bonne farine

Le choix de la farine est la première étape essentielle pour réussir le pétrissage de la pâte à pain. La farine c’est un peu comme les fondations d’une maison : c’est la base pour que votre pain ait une jolie forme. Et il est important de souligner que différentes variétés de farine apportent chacune des caractéristiques uniques à votre pain. Comme il s’agit d’un aspect fondamental, je vais vous détailler ce premier aspect.

a. Type de farine

Le premier élément auquel vous devez prêter attention lors du choix de la farine est le type de farine que vous achetez. Différents types de farine contiennent des niveaux variables de protéines, ce qui affecte la structure de la pâte. Les farines à haute teneur en protéines, telles que la « farine pour pain » (type 55 ou 65), sont idéales pour les pains blancs moelleux et aérés. Par contre, les farines à faible teneur en protéines (comme la farine tout usage) conviennent aux pains plus denses comme les pains complets ou demi-gris. Voici un aperçu des principaux types de farine utilisés dans la boulangerie :

  • Farine à pain (Type 55 ou 65) : Cette farine est riche en protéines, ce qui permet de développer un réseau de gluten solide. Elle est idéale pour les pains moelleux et légers, tels que les baguettes françaises ou le pain blanc classique.
  • Farine tout usage (Type 45 ou 55) : Cette farine est polyvalente et peut être utilisée pour une grande variété de pains. Elle produit une mie légèrement plus dense que la farine à pain, ce qui la rend adaptée à de nombreux styles de pain ou pâtes boulangères.
  • Farine de blé complet : Cette farine contient la totalité du grain de blé, ce qui lui confère une teneur élevée en fibres, en nutriments et minéraux. Elle produit des pains plus denses et plus nutritifs, parfaits pour les pains de campagne et les pains rustiques.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter le comparatif complet des types de farine ici.

b. Fraîcheur de la farine

La fraîcheur de la farine est également un facteur crucial à prendre en compte. Les farines plus anciennes peuvent perdre leur potentiel de levée, ce qui peut entraîner des pains plats et denses. Assurez vous de conserver la farine dans un endroit frais et sec (à l’abri de l’humidité) et vérifiez toujours la date de péremption sur l’emballage.

Sachant que la farine est à utiliser dans l’année (idéalement dans les 6 mois) et que la plupart des supermarchés font des réserves. Les paquets que vous achetez sont souvent déjà âgés en moyenne de 3 à 6 mois depuis le moment de leur mouture. Si vous préparez du pain régulièrement, envisagez d’acheter de la farine en petite quantité et fabriquée localement pour garantir sa fraîcheur.

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Crédit : Roman Odintsov

2. Mesurer avec précision les ingrédients

Comme en pâtisserie, la précision dans les mesures des ingrédients est essentielle lors de la préparation de la pâte à pain. Les petites erreurs dans la quantité d’eau, de sel, de levure et de farine peuvent avoir un impact significatif sur la consistance de la pâte. Pour éviter cela, il faut s’équiper du matériel de base et suivre exactement la recette dans un premier temps, à l’exception de la quantité d’eau.

a. Utiliser des Outils de Mesure

L’utilisation d’outils de mesure appropriés est fondamentale pour obtenir des résultats cohérents en boulangerie. Les tasses à mesurer et les cuillères doseuses sont loin d’être idéales pour mesurer les ingrédients de manière précise.

Je suis déjà tombé beaucoup trop souvent sur des recettes-miracle « faciles » où il est noté « une tasse de farine« . Je prends la tasse à thé japonaise ou le mug ? Pas besoin de réfléchir très longtemps pour comprendre que le résultat sera bien différent si je décide de prendre plutôt l’une ou plutôt l’autre.

Une balance de cuisine précise est indispensable pour mesurer les ingrédients aussi bien liquides que solides. Évitez d’utiliser des bols doseurs pour mesurer même les liquides, vous gagnerez en précision par la pesée avec la balance.

b. Suivre la recette à la lettre, ou presque

Lorsque vous préparez de la pâte à pain, il est impératif de suivre scrupuleusement les mesures indiquées dans la recette que vous suivez. À l’exception de l’eau, toute improvisation peut perturber l’équilibre des ingrédients et entraîner une pâte trop sèche ou trop humide. Comme expliqué en détail dans mon livre gratuit, chaque ingrédient joue un rôle spécifique dans la formation de la pâte :

  • Eau : l’eau est essentielle pour activer la levure et créer la consistance de la pâte par l’hydratation de la farine. Des quantités d’eau incorrectes peuvent rendre la pâte difficile à pétrir ou entraîner une mauvaise levée. En fonction de la farine utilisée, la pâte sera plus ou moins apte à absorber de grandes quantités d’eau.
  • Sel : le sel renforce la structure de la pâte par séquestration des molécules d’eau et ajoute de la saveur au pain. C’est un exhausteur de goût naturel. Il ne faut pas en mettre trop, car un excès de sel peut inhiber l’action de la levure.
  • Levure : la levure est responsable de la fermentation de la pâte, ce qui permet au pain de lever et d’être aéré. Utilisez la quantité spécifiée dans la recette, car trop de levure peut entraîner une pâte trop levée avec un goût désagréable de levure ou à l’inverse ne pas lever suffisemment.
  • Farine : la farine est la base de la pâte et détermine sa texture. Utilisez la variété de farine recommandée par votre recette pour obtenir les meilleurs résultats. Je préconise souvent d’utiliser un minimum de 50% de farine blanche (T55 ou T65) pour obtenir des pains qui se tiennent toujours bien.

c. Adaptez en Fonction des Conditions

Dans nos pays continentaux, on travaille dans des conditions environnementales variables. L’humidité ambiante et la température changent de jour en jour voire au sein de la même journée. De ce fait, il peut être nécessaire d’ajuster légèrement les quantités d’eau ou de farine pour obtenir la consistance de pâte souhaitée. Généralement je garde la quantité de farine fixe et je n’ajoute pas toute l’eau dans un premier temps pour observer la pâte. Si je vois que la pâte peut encore absorber de l’eau, j’ajoute petit à petit le reste. Il ne faut pas que la pâte se transforme en soupe ! 🫠

Apprenez à reconnaître les signes d’une pâte trop sèche ou trop collante à travers votre pratique et ajustez en conséquence. Un peu d’expérience et d’intuition pourront vous aider à perfectionner vos compétences et votre fibre boulangère en ajustant les ingrédients en fonction des conditions particulières du moment. 😄

3. Un pétrissage avec soin

Le pétrissage est l’étape où la magie se produit. 🧙‍♂️ C’est à ce moment que le réseau de gluten se forme, donnant à la pâte sa structure caractéristique. Comment pétrir de manière optimale et obtenir une pâte à pain parfaite ?

Crédit : Mikhail Nilov

a. Utiliser la technique appropriée

Le pétrissage à la main est l’une des techniques les plus courantes et les plus accessibles pour la plupart des boulangers amateurs. Voici les étapes à suivre :

  1. Commencez par pétrir la pâte en la repliant sur elle-même. Cela permet de mélanger les ingrédients et de former une boule de pâte homogène.
  2. Utilisez la paume de votre main pour exercer une pression ferme sur la pâte, puis repliez-la à nouveau. Répétez ce processus de manière rythmée en tournant la pâte d’un quart de tour à chaque repli.
  3. Continuez ce processus pendant environ 15 à 20 minutes jusqu’à ce que la pâte soit lisse, élastique et qu’elle ne colle plus. Si la pâte se déchire, c’est qu’elle doit se reposer. Attendez alors 2-3 minutes avant de reprendre le pétrissage.

La clé du pétrissage à la main est la patience. Le pétrissage ne doit pas être précipité et il doit être complet. Plus vous pétrissez, plus le réseau de gluten se développe et la pâte augmente son élasticité, ce qui donnera une meilleure structure à votre pain.

Si vous avez un robot de cuisine avec un crochet pétrisseur, vous pouvez également l’utiliser pour économiser de l’effort (5 à 10 minutes de pétrissage maximum). Je préconise les robots Kitchenaid qui ont un moteur robuste pour la boulangerie et un crochet qui vient parfaitement chercher la pâte au fond du bol. Pour un budget moins élevé, les robots Kenwood vous donneront des résultats similaires. Ils sont moins robustes et vous devrez de temps en temps arrêter le robot pour l’aider à la main mais ils sont très pratiques et vous évitent le pétrissage à la main !

Pour un pétrissage au robot, les étapes sont les suivantes :

  1. Pétrir en vitesse 1 tous les ingrédients jusqu’à obtenir une pâte homogène (3 minutes). Le but ici est d’obtenir une pâte sans qu’il n’y ait plus de farine sèche ni de morceaux.
  2. Pétrir en vitesse 2 pendant 5 à 7 minutes pour que la pâte se lisse. Ici, le réseau de gluten se développe et la pâte gagne en élasticité. Cette étape est cruciale pour l’aération et la tenue du pain.

b. Testez la fenêtre de gluten

Pour savoir si votre pâte est suffisamment pétrie, vous pouvez effectuer ce que l’on appelle le « windowpane test » en anglais, traduit en français « test du voile« . Il s’agit d’un test très simple mais révélateur. Prenez une petite boule de pâte et étirez-la doucement entre vos doigts mouillés. Si elle devient fine et translucide sans se déchirer, votre pâte est prête. Cela signifie que le réseau de gluten s’est bien développé, ce qui permettra à votre pain de lever correctement et de devenir aéré et moelleux ! Le rêve. 🤩

En somme, le pétrissage de la pâte à pain peut sembler intimidant au départ, mais avec de la pratique et en suivant ces trois secrets, vous serez en mesure de maîtriser cette étape cruciale pour obtenir un pain maison délicieux et parfaitement pétri.

Conclusion

Le pétrissage de la pâte à pain est un art qui nécessite à la fois précision et expérience. Le choix de la farine, la mesure précise des ingrédients et le pétrissage soigneux sont les trois secrets fondamentaux pour obtenir une pâte à pain optimale. Il est important de se rappeler que la boulangerie est une discipline qui récompense la patience et la persévérance. Ainsi, chaque pain que vous aurez préparé vous aura apporter son lot de connaissances. C’est en pratiquant que vous gagnerez en confiance et en compétence. ☺️

N’ayez pas peur de faire des erreurs. 🤗 Chaque boulanger sur Terre a connu des échecs, amateur ou non (moi le premier) mais c’est en apprenant de ces erreurs que l’on devient meilleur ! Prenez le temps d’expérimenter avec différents types de farine, de recettes et de techniques de pétrissage. Avec le temps, vous développerez vos propres astuces et secrets pour créer le pain parfait à chaque fois.

À vous le pétrissage parfait

Maintenant que vous avez découvert les secrets du pétrissage optimal de la pâte à pain, il est temps de mettre en pratique ces nouvelles connaissances. Sortez votre tablier, préparez vos ingrédients et lancez-vous dans la préparation d’un délicieux pain fait maison ! 🙌 N’oubliez pas de noter vos observations et d’ajuster vos techniques au fur et à mesure. Plus vous pratiquez, plus vous deviendrez compétent dans l’art de la boulangerie.

Si vous avez des amis ou des proches qui partagent votre passion pour la cuisine, partagez cet article avec eux. La boulangerie est une expérience sociale merveilleuse, et partager vos découvertes et vos créations avec d’autres peut être une source de joie et d’inspiration, comme je le fais en ce moment avec vous.

N’oubliez pas que la boulangerie est avant tout une aventure culinaire. Amusez-vous, soyez créatif et savourez chaque moment de ce délicieux voyage vers la création de pains maison parfaits. Bonne cuisson ! 😁

Cet article vous a plu ? Libre à vous de le partager ! :)

13 Commentaires

  • Anne-Marie

    Diego, bonjour. merci pour le mail . depuis le premier contact que nous avons eu et grâce aux bons conseil de ton livre, je n’ai jamais cessé de faire mes pains et j’avoue que j’y prends grand plaisir et sans me vanter, m’améliore un peu plus à chaque fois . Mon époux prépare les ingrédients nécessaires avec la précision d’ un horloger !!! , N ous faisons 2 pains à chaque fois ( notre four le permet) et tout se passe bien.
    Le mail de ce matin m’a quand même rappelé les bonnes façons de pétrir et m’a été bien utile ( un petit rappel n’est de temps à autre ne fait pas de mal!)
    Mon prochain projet est d’ essayer de réaliser le cramique et plus tard la cougnole
    une chose à la fois !
    Merci encore pour les bons conseils .
    Anne-marie.
    annemariedeljurie@yahoo.fr

  • Estelle

    Merci pour ton article! Je me suis mise à faire mon pain maison quand je me suis penchée sur la réalisation du shokupan,le pain de mie japonais. Ton article résume bien ce que j’ai mis des heures à chercher sur le net 😅 sinon effectivement, je prend toute la mesure d’avoir une balance de précision et la ou moi je suis la plus embêtée c’est l’humidité et la chaleur de la cuisine. Pas simple à gérer mais bon, à force d’en faire, on commence à choper le truc!

  • Karine

    Merci de publier ces petits trucs et astuces qui mettent à l ‘aise quand on ne pratique pas la fabrication du pain trop souvent! un bon résumé des best practice! efficace, clair – merci

  • Pierre

    Bonjour Diego,

    Je viens de lire tes conseils pour le pétrissage mais cela ne s’adresse t il pas plus au pain à la levure qu’à celui au levain qui est plus fragile? Quand je petris, j’essaye de ne pas trop insister et de ne pas le faire trop fortement car les reseaux de gluten ne supportent pas les excés, Il m’est arrivé de voir le pâton se dechirer….
    J’ai apprécié les informations que tu nous donne et particulièrement pour les étapes de l’élaboration du pain mais aussi pour celle du levain que ne faisait manifestement pas correctement, avec parfois comme résultat, des odeurs d’alcool.
    Merci pour cette aide..

  • Léo

    Merci pour ces petits conseils précieux ! J’ai une question je sais que cela ce fait pour une pate pizza mais pour du pain j’ai jamais essayé, c’est de mettre une patate avec le mélange de la pâte.

    Tu as deja entendu cela ?

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